Expédition sur le chemin Caithness en direction d’Oba
Dans notre cas, le gout de l’aventure l’emporte un dimanche matin nuageux, malgré des précipitations attendues. Vêtement de rechange dans les sacoches, gouter et breuvages chauds en réserve, nous prenons la route. Destination : la Fire River. Un trajet de 140 km direction Sud sur une route forestière gravelée : le chemin Caithness.
Deux éclaireurs en selle sur chacune leurs 250 KLX suivis de moi-même au guidon de ma F800GS empruntent la route. Celle-ci longe des forêts exploitées et régénérées par l’industrie forestière, industrie principale de la région. C’est d’abord une large route bordée de conifères et de feuillus matures qui nous accueille laissant amplement d’aisance à rencontrer les quelques véhicules de travailleurs forestiers ou pêcheurs du coin. Puis défilent graduellement de plus près épinettes et peupliers, espèces récoltées pour la production de bois de construction et de contreplaqué. Pour le moment, mère nature est de la partie et nous offre un confortable 20 °C. Nous progressons à une vitesse moyenne de 80 km/h.
Le secteur recèle de cours d’eau. Nous en profitons pour arrêter prendre un gouter. La rivière Mattawitchewan est idéale pour l’occasion avec ses grosses roches plates qui s’avancent dans les flots. Elles deviennent en l’honneur sièges et tables. Les gens du coin surnomment cet endroit réputé pour la pêche les trois calvettes en raison de trois gigantesques caniveaux logés sous la route pour laisser s’écouler les torrents printaniers suite à la fonte des neiges. Un magnifique pont récemment construit à proximité sous une route de contournement est visible de notre point d’arrêt.
Lorsque nous reprenons la route, une légère pluie s’installe. La poussière s’atténue pour nous livrer une route parfaite. La surface est moins dure et la traction accrue. Les fermetures éclairs sont, bien entendu, remontées jusqu’au menton. Nous poursuivons jusqu’à la jonction du chemin d’Oba. Curieusement, la voie ferrée transcontinentale y croise le chemin. Canadian Rail traverse à cet endroit à des vitesses vertigineuses pour transporter des passagers et de la marchandise d’un océan à l’autre. À ce point nous sommes à une centaine de kilomètres de Hearst. Le paysage et la route se transforment graduellement pour laisser place à davantage de collines, de courbes sinueuses et ainsi qu’à un canapé de Jackpine.
Nous entrons dans la réserve faunique de Chapleau. Aucune chasse n’y est permise. Les chances d’apercevoir un ours noir ou un orignal sont excellentes. La pluie persiste et les motocyclistes aussi. La route rétrécie mais le paysage n’en est pas moins spectaculaire. Du haut d’une colline on voit à des kilomètres à la ronde. Nous atteignons le plateau sablonneux de la Fire River, territoire de bleuets et de truites mouchetées. Les 250 sont stationnés et les cannes sont à l’eau sous le pont. Je laisse le plaisir aux jeunes conducteurs d’attraper une truite et me concentre sur le gouter. Appuyer sur le rempart du pont, je savoure un sandwich en admirant la nature environnante. Soudain, je détecte un mouvement du coin de l’œil. Qu’est-ce que j’aperçois? Un petit curieux qui s’avance vers moi. Il emboite le pas sur la route Sud qui mène au pont et puis s’arrête à quelques centaines de pieds de l’endroit où je le contemple. Un jeune orignal mâle m’observe. Je ne sais trop ce qu’il s’imagine, mais moi je l’aurais bien dans ma mire en saison… Les cannes à pêche sont vite mises de côté par mes collègues alors qu’eux aussi désirent admirer le roi de la forêt Boréale.
Les 140 km sur le chemin du retour seront agréables alors que nous rapporterons de beaux souvenirs de cette excursion en territoire forestier.